Investissement actif vs passif : Et si vous preniez position ?

Comparaison entre investissement actif et passif symbolisée par un couple dans un salon.

Chez les adeptes de l'indépendance financière ou du mouvement FIRE (Financial Independence, Retire Early), une stratégie fait l'unanimité : l'investissement passif. Il s'agit simplement d'acheter le marché et de laisser les intérêts composés faire leur œuvre.

Les ouvrages tels que Les 4 piliers de l'investissement de William Bernstein, A Random Walk Down Wall Street de Burton Malkiel, et Investir avec bon sens de John C. Bogle sont souvent cités comme des références incontournables pour comprendre cette approche. Ces livres soulignent l'importance de la simplicité et de la patience dans l'investissement.

Et ils ont raison, en grande partie.

Cependant, en répétant que l'investissement passif est la seule voie, on peut oublier qu’il existe d'autres chemins. Plus exigeants, plus risqués, mais parfois aussi plus gratifiants.

Aujourd'hui, je vous propose de mettre dos à dos, sans parti pris, la simplicité mécanique de l'investissement passif et les opportunités concrètes de l'investissement actif.

Investissement passif : ce que vous achetez vraiment

Que signifie réellement acheter le marché ? L'investissement passif, ce n'est pas acheter la Bourse au hasard. C'est acheter des indices, et chacun d'entre eux suit sa propre logique.

Un indice est un panier d'actifs cotés en bourse. Il existe des indices d'entreprises cotées, d'obligations d'État, d'obligations d'entreprises, et certains sont même multi-actifs. Quand on parle de marché, on désigne souvent un indice qui suit un marché boursier particulier : le Stoxx 600, le Dow Jones, le CAC 40, le Footsie (FTSE).

Quelques exemples :

  • S&P 500 : les 500 plus grosses entreprises américaines.
  • MSCI World : un panier de 1 600 entreprises des pays développés.
  • MSCI Emerging Markets : la Chine, l'Inde, le Brésil, etc.
  • Bloomberg Global Aggregate : obligations d'État et d'entreprises.
  • NASDAQ-100 : 100 grandes boîtes tech.

Vous pouvez aussi investir dans des indices sectoriels si vous avez des convictions fortes ou pondérer certains secteurs : santé, énergie verte, infrastructure, biotechnologie...

Ce qu'il faut retenir : un ETF passif, c'est un portefeuille automatique, ajusté en permanence pour rester à jour, à un coût minimal.

Pourquoi l’investissement passif est pratiquement imbattable

Soyons francs :

Si vous voulez faire mieux que 90% des investisseurs particuliers et même que la majorité des pros, il suffit… de rester investi sur des ETF globaux, de manière disciplinée.

Quelques chiffres qui ne mentent pas :

Vous n'avez pas besoin de tout comprendre. L'essentiel est de tenir bon. Il suffit d'investir régulièrement (via la stratégie DCA) et d'éviter de paniquer lors des baisses de marché. C'est cette patience et cette discipline qui seront récompensées.

L’indexation et ses failles

On entend souvent : Il est impossible de battre le marché. Bien que ce soit vrai dans 90% des cas, il existe des arguments en faveur d'une stratégie plus active. Les chercheurs reconnaissent que même si les marchés sont généralement efficients à long terme, certaines anomalies persistent.

La finance une affaire d’Hommes

Les marchés financiers ne sont pas uniquement régis par des algorithmes et des modèles mathématiques, mais aussi par les émotions, les biais et les comportements des investisseurs. Cette dimension humaine crée des opportunités pour ceux qui savent garder la tête froide quand d'autres cèdent à la panique, ou qui peuvent identifier les tendances comportementales avant qu'elles ne deviennent évidentes. C'est précisément dans ces moments d'irrationalité collective que l'investisseur actif avisé peut trouver son avantage.

Les limites actuelles de l'investissement passif

Face au succès croissant des ETF, on constate que le vernis s'écaille :

  • Surconcentration de certains indices sur quelques valeurs « géantes »
  • Volatilité amplifiée des marchés
  • Effet de mimétisme des investisseurs
  • La liquidité des ETF encourage la spéculation

Les opportunités de l'investissement actif

Plusieurs stratégies basées sur les inefficacités temporaires des marchés peuvent être exploitées :

  • Value : identifier et acheter des actifs sous-évalués
  • Momentum : capitaliser sur les tendances de marché
  • Small Caps : investir dans des petites entreprises à fort potentiel
  • Arbitrage : profiter des écarts de prix entre actifs similaires
  • Situations spéciales : fusions, acquisitions, restructurations

Les périodes de turbulence (comme la bulle Internet début 2000, la crise des subprimes en 2008 ou encore récemment avec la politique de Trump) créent des opportunités pour les investisseurs contrariants qui osent aller à contre-courant. Cependant, exploiter ces inefficiences requiert expertise, travail et patience - c'est là qu'un gestionnaire actif peut apporter une réelle valeur ajoutée.

L’Alpha : ce p'tit truc en plus

L'alpha, c'est cette performance supplémentaire qu'un gestionnaire actif cherche à générer par rapport à son indice de référence (le bêta). C'est la valeur ajoutée pure, celle qui justifie les frais plus élevés de la gestion active. En pratique, seule une minorité de gérants parvient à générer un alpha positif et constant sur le long terme. C’est le domaine des gestionnaires stars comme Peter Lynch, George Soros, Howard Marks, William Ackman, Ray Dalio, Warren Buffett… et j’en passe. (La plupart sont maintenant retraités ou plus discrets.)

Pourquoi la plupart des fonds actifs échouent ?

  • Trop gros pour être agiles : avec plusieurs milliards à placer, ils finissent par influencer les marchés eux-mêmes. Impossible d'acheter une small cap (petite entreprise) discrètement.
  • Contraintes de gestion lourdes : obligation d’être investi en permanence, restrictions réglementaires, règles internes… Ils ne peuvent pas toujours acheter ce qu’ils veulent, même s'ils voient une opportunité.
  • Pression de la performance à court terme : ils doivent éviter de sous-performer leur indice trimestre après trimestre, sinon les investisseurs s'en vont. Résultat : ils achètent la mode du moment pour ne pas trop s'écarter.
  • Coûts élevés : frais de gestion, trading, marketing (pubs partout pour vous vendre leur expertise)… tout ça plombe la performance nette pour l’investisseur.

Ce qu’il faut comprendre

Créer de l’alpha n’est pas juste difficile, c’est contre-intuitif dans l’industrie actuelle.

Les rares qui y arrivent sont souvent indépendants, ultra-spécialisés, et surtout capables de penser à contre-courant.

Et même eux… ils peuvent traverser plusieurs années de sous-performance avant que leur thèse ne se matérialise.

(Il faut donc une sacrée confiance et beaucoup de patience pour suivre un gérant actif.)

Attention au closet indexing

Certains fonds actifs sont de véritables arnaques :

Ils prétendent être actifs, facturent 1,5% de frais, mais ne font que répliquer leur indice de référence.

Par exemple, des fonds comme le BGF Global Allocation Fund ou tous ceux que l'on retrouve dans les plans d'épargne d'entreprise pourris ou les assurances-vie. Soyez vigilants et faites vos recherches.

Pendant ce temps, un simple ETF ne vous coûterait que 0,1% de frais… pour la même performance, voire meilleure.

Mon conseil : Méfiez-vous des fonds dont l'objectif est de surperformer leur indice de référence. C'est une approche peu pertinente. Les vrais objectifs devraient plutôt être :

  • l'appréciation du capital sur le long terme
  • la préservation du pouvoir d'achat face à l'inflation
  • la création de revenus réguliers
  • la protection contre les risques de marché (hedging)

Mon approche personnelle : pragmatisme plutôt que dogmatisme

Mon approche de l’investissement est très terre à terre.

  • 80% sur des ETF passifs solides basés sur le bon vieux mix actions/obligations. Pas la peine de payer cher pour une performance moyenne.
  • 20% en gestion active opportuniste et alternative.
  • Je garde 5% de dry-powder (réserve de cash) pour saisir les opportunités.
  • J'évite tous les fonds pseudo-actifs dont l'objectif est de surperformer un indice. C'est un objectif futile, et ils vont probablement échouer.

Découvrez comment j'ai structuré mon portefeuille d'investissement personnel pour plus de détails.

Ce qu'il faut retenir

Pour éviter de payer trop cher des produits médiocres, il faut savoir lire entre les lignes. Voici une méthode de comparaison efficace.

Fonds passifs (ETF)

Quand vous analysez un ETF, regardez en priorité :

CritèreCe qu'il faut viser
Frais (TER)Moins de 0,2% par an
Encours sous gestionPlus de 100M€ pour limiter les risques de fermeture
Tracking ErrorInférieur à 0,5% : l’ETF suit bien son indice
RéplicationPhysique (achète les actions) plutôt que synthétique si possible
DomiciliationIrlande / Luxembourg : meilleure fiscalité en Europe
LiquiditéVolume d’échanges quotidien important pour éviter les écarts de prix

Conseil rapide : évitez les ETF exotiques ou ultra-spécialisés sauf si vous savez exactement ce que vous faites.

Fonds actifs

Quand vous analysez un fonds actif, voici les critères clés :

CritèreCe qu'il faut viser
Frais totauxMoins de 1% si possible (rare), sinon justifié par une vraie surperformance
Performance ajustée du risqueRegardez le ratio de Sharpe : plus c’est élevé (>1), mieux c’est
Active SharePlus de 80% : le gérant prend vraiment des décisions actives
Si trop proche de 1 (>0.95), attention : closet indexing
Horizon d'investissementUn fonds actif doit être jugé sur 5 à 10 ans minimum, pas sur 6 mois
Philosophie du gestionnaireClair, cohérent, transparent (pas de bullshit marketing)

Conseil rapide : lisez les rapports de gestion du fonds. Si le gérant est capable d’expliquer simplement ce qu’il fait et pourquoi, c’est généralement bon signe.

En conclusion

  • L'investissement passif est le choix le plus rationnel pour la majorité des investisseurs.
  • Des opportunités existent dans les inefficiences du marché, mais demandent expertise et temps. C'est là où l'investissement actif brille.
  • Choisissez votre stratégie en fonction de vos compétences et du temps que vous pouvez y consacrer.

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