Construire et gérer un portefeuille d'investissement

Un investisseur travaille dans son bureau sombre

Fini la théorie, place à la pratique. Dans cet article, je partage mon portefeuille d’investissement tel qu’il est aujourd’hui. L’objectif est simple : documenter mes choix, expliquer ma démarche et montrer comment je construis un portefeuille diversifié dans la durée.

Ce n’est pas un modèle à recopier, mais un exemple concret parmi d’autres. Chacun a ses objectifs, son profil de risque et ses contraintes. Ici, je mets noir sur blanc mes décisions pour garder une trace, et peut-être inspirer ou aider ceux qui cherchent à structurer leur propre stratégie.

Ma méthode d’investissement

Mon approche repose sur cinq principes simples. Pas besoin de formule magique, juste des règles claires que j’essaie d’appliquer avec discipline :

  • Définir mon profil de risque — Jusqu’où suis-je prêt à voir mon portefeuille baisser sans paniquer ? La réponse à cette question conditionne tout le reste.
  • Fixer mes objectifs — Investir sans objectif, c’est comme naviguer sans boussole. J’adapte mes choix à mon horizon temporel : court terme pour sécuriser, long terme pour faire fructifier.
  • Élaborer une stratégie — Je pose quelques règles simples et je m’efforce de m’y tenir. Elles me servent de garde-fous quand les marchés s’emballent ou s’effondrent.
  • Choisir mon univers d’investissement — Plutôt que de m’éparpiller, je me limite aux classes d’actifs cohérentes avec ma stratégie et accessibles pour un investisseur particulier.
  • Définir une allocation — Enfin, je répartis mon capital pour trouver le bon équilibre entre rendement, sécurité et diversification. L’allocation, c’est le squelette de mon portefeuille.

Mon profil de risque

Je me considère comme un investisseur modéré. Concrètement, ça veut dire que je cherche à faire croître mon capital, mais sans jouer au funambule : je suis prêt à encaisser des fluctuations, pas à tout miser sur les actifs les plus risqués.

  1. Les krachs arrivent toujours plus vite qu’on ne le pense.
  2. La pire erreur serait de paniquer et vendre au plus mauvais moment.

Depuis, je me fixe une règle simple : toujours garder une stratégie claire pour éviter que mes émotions prennent le dessus.

En investissement, votre pire ennemi… c’est souvent vous-même.

Mes objectifs

Investir n’a de sens que s’il sert des objectifs concrets. Les miens sont simples et couvrent l’essentiel :

  • Acheter ma résidence principale sans crédit — Je préfère avancer pas à pas plutôt que de m’endetter sur 20 ans. Mon horizon est de long terme : viser un achat immobilier avant la retraite.
  • Préparer ma retraite et gagner en autonomie financière — Je veux que mon épargne travaille pour moi afin de réduire ma dépendance aux revenus du travail et préserver mon indépendance fiancière.
  • Constituer un patrimoine à transmettre — L’investissement n’est pas seulement individuel. Je souhaite bâtir quelque chose de durable, utile à ma famille.

Ces objectifs sont ma boussole. Ils me rappellent pourquoi j’investis et m’évitent de me disperser.

Ma stratégie d’investissement

Ma règle d’or : rester simple, discipliné et patient.

  • Gestion personnelle et frais réduits — Je gère mes placements moi-même pour limiter les frais. Chaque euro économisé en frais est un euro qui reste investi.
  • Investir régulièrement (DCA) — Comme mon capital est modeste, j’investis environ 80 % de mon épargne mensuelle via la méthode du Dollar-Cost Averaging. Concrètement, je place la même somme tous les mois, qu’importe si le marché est haut ou bas. Exemple : 1 000 € investis chaque mois, sans se poser la question du « bon moment ».
  • Un investisseur passif — Je n’ai ni le temps ni l’envie de suivre les marchés au quotidien (après tout, j’ai déjà un blog à entretenir !). Je préfère une approche passive et diversifiée qui laisse le temps jouer en ma faveur.
  • Diversification maximale — Inspiré du livre The Alternative Answer de Bob Rice, mon portefeuille cherche à maximiser la diversification : par géographie, secteur, classe d’actifs, stratégie et devise. L’idée est de combiner des actifs décorrélés pour limiter les grosses baisses lors des crises.

Pour rester fidèle à cette ligne, je me réfère à ma déclaration de politique d’investissement (IPS). C’est mon guide : il fixe mes règles et m’évite de céder à l’émotion quand les marchés s’agitent.

Mon univers d’investissement

Comme je n’ai pas un gros capital à placer d’un coup, j’investis progressivement dans des actifs liquides et accessibles. Cela me conduit à privilégier surtout les ETF, qui permettent d’acheter un panier diversifié en une seule transaction. Pour certains actifs réels, je complète avec des supports non cotés.

Critères d’investissement

Pour construire un portefeuille robuste, je m’appuie sur trois critères essentiels :

  • Appréciation du capital — Viser une croissance durable à long terme.
  • Protection contre l’inflation — Préserver le pouvoir d’achat de mon argent.
  • Maîtrise du risque — Limiter les pertes importantes lors des crises. Ces critères sont directement liés à mes objectifs : acheter un bien immobilier, préparer ma retraite et transmettre un patrimoine.

Classes d’actifs

Mon univers d’investissement actuel repose sur cinq grandes classes d’actifs :

  • Actions — Pour profiter de la croissance économique mondiale.
  • Obligations — Pour assurer stabilité et rendement.
  • Actifs réels — Incluant immobilier, forêts.
  • Matières premières — Exposition aux ressources physiques (énergie, métaux, agriculture) pour diversifier et se protéger de l’inflation.
  • Stratégies alternatives — Inspirées des fonds spéculatifs (managed futures, long/short), visant une faible corrélation avec les marchés traditionnels.

Mon allocation

Une fois les briques d’investissement choisies, reste à répondre à la question centrale : quelle répartition ?

Le portefeuille classique pour un investisseur modéré est le fameux 60/40 :

  • 60 % en actions,
  • 40 % en obligations.

C’est simple, mais pas parfait. Les obligations, en particulier, sont très sensibles à l’inflation et aux variations des taux d’intérêt. Pour limiter cette dépendance, j’ai décidé d’intégrer des actifs alternatifs.

Mon allocation cible est donc la suivante :

Classe d’actifsCibleRôle principal
Actions60 %Croissance du capital
Obligations20 %Stabilité et revenu
Alternatifs20 %Diversification, décorrélation

Cette répartition reflète mon profil : recherche de croissance, mais avec des garde-fous.

Pour gérer le risque, je rééquilibre une à deux fois par an : je réduis ce qui a trop monté et renforce ce qui est en retard, afin de revenir à ma cible. Je privilégie les nouveaux versements pour ajuster, afin d’éviter la fiscalité inutile des ventes.

Mes supports d’investissement

Voici les principales enveloppes que j’utilise aujourd’hui, avec leur rôle dans mon portefeuille.

Assurance-vie Linxea Avenir 2

  • Objectif : Capitalisation long terme
  • Allocation :
  • 70 % en actions via ETF (MSCI World 88 %, MSCI Emerging Markets 12 %)
  • 30 % en fonds en euros (80 % obligations européennes, 20 % diversifié)
  • Commentaire : Ce contrat représente encore une part importante de mon patrimoine, mais je n’y verse plus pour éviter de disperser mes investissements.

PER Linxea Spirit 2

  • Objectif : Retraite, optimisation fiscale
  • Allocation : 100 % sur l’ETF Vanguard LifeStrategy 80 (80 % actions, 20 % obligations)
  • Commentaire : C’est mon support privilégié pour la retraite. J’y verse chaque mois le maximum déductible (10 % de mon revenu imposable).

Compte-titres Saxo Banque (Suisse)

  • Objectif : Diversification en francs suisses
  • Allocation : 80 % actions monde (ETF iShares MSCI ACWI), 20 % obligations mondiales (ETF iShares Global Aggregate Bond)
  • Commentaire : Une allocation simple et efficace, avec l’avantage de la diversification en devise.

Compte-titres Firstrade (États-Unis)

  • Objectif : Diversification en dollars et accès aux ETF US
  • Allocation :
  • Core : iShares Core 80/20 Aggressive Allocation ETF (AOA)
  • Alternatives : principalement l’ETF matières premières USCF SummerHaven Dynamic Commodity Strat (SDCI)
  • Commentaire : J’ai choisi Firstrade car il accepte les investisseurs étrangers, sans frais de courtage sur les ETF, et propose l’investissement fractionné — parfait pour investir de petites sommes régulièrement.

SCPI Corum Eurion

  • Objectif : Immobilier diversifié
  • Commentaire : Achat en démembrement avec rabais, mais peu liquide et lourd dans mon allocation. Avec le recul, j’aurais privilégié un support plus flexible.

Ecotree

  • Objectif : Actif réel tangible (forêts)
  • Commentaire : J’achète chaque mois un arbre. C’est un placement illiquide mais peu corrélé aux marchés financiers, et une bonne protection contre l’inflation. Ce n’est pas du greenwashing mais une diversification concrète (à mon échelle, je n’ai pas les moyens d’acheter une forêt entière !).

À retenir

La gestion d’un portefeuille, ce n’est pas figé. Les marchés bougent, ma situation personnelle évolue, et mon allocation s’ajuste en conséquence. Mon approche reste la même : chercher un équilibre entre croissance, sécurité et diversification.

Ce portefeuille reflète ma tolérance au risque et mes objectifs personnels. Ce n’est ni une recette universelle, ni un modèle à suivre à la lettre, mais un exemple concret de la façon dont on peut structurer ses investissements de manière réfléchie.

Pour aller plus loin

Si vous souhaitez approfondir certains points évoqués dans cet article :

Des nouvelles de mon portefeuille

Je documente ici les principaux changements dans mon portefeuille au fil du temps. Un vrai journal de bord, qui montre que la gestion d’un patrimoine est vivante et évolutive.

Le 3 janvier 2025

  • Vente de l’ETF Alternative Access First Priority CLO Bond ETF au profit du Janus Henderson AAA CLO ETF, qui est moins cher et possède plus d’encours sous gestion.
  • Vente de l’ETF iMGP DBi Managed Futures Strategy ETF, pas assez décorrélé du marché pour un ETF de stratégie alternative.

Vente de l’ETF Saba Closed-End Funds ETF pour simplifier le portefeuille et je me suis rendu compte que cet ETF était trop exposé aux actions ordinaires ce qui réduit l’effet de diversification. Je préfère des fonds plus ciblé sur des stratégies alternatives.

Au cours de la semaine dernière, les marchés financiers ont subi une baisse significative suite à l’annonce par le président Trump de nouveaux tarifs douaniers, surnommés « Liberation Day ». Ces mesures ont entraîné une chute d’environ 9 % du MSCI World en deux jours. Dans mon portefeuille, la poche « alternative » a également été impactée, enregistrant une baisse d’environ 4 % sur la même période, principalement due aux ETF AMLP et BIZD, sensibles aux événements macroéconomiques. Malgré cette performance négative, la diversification sur des actifs décorrélés comme l’ETF KMLM a permis une certaine résilience par rapport au marché global.

L’arrivée de Trump au pouvoir, la nervosité des marchés, la hype autour de l’IA, m’ont poussés à mettre du cash de côté pour profiter d’une éventuelle baisse des marchés. Si la baisse continue, je n’exclus pas de renforcer ma position sur les ETF diversifiés comme le Vanguard Life Strategy 80 ou le MSCI World. Les soldes, ce n’est pas tous les jours, hein !

J’ai récemment fait un peu de ménage dans mon portefeuille. J’ai vendu le tracker certificate Swissquote Balanced Portfolio Index pour le remplacer par l’ETF Vanguard LifeStrategy 80 qu’on connait déja. L’allocation reste similaire, mais avec moins de biais sur la Suisse et surtout des frais plus faibles.

Cet ETF est désormais logé dans un compte-titres chez Saxo Bank Suisse, nettement plus compétitif que Swissquote en termes de coûts.

Mise en place d’un versement mensuel via la solution AutoInvest chez Saxo Bank Suisse (sans commission sur le plan d’épargne), répartis entre un ETF MSCI ACWI (actions mondiales diversifiées) à 80 % et un ETF d’obligations globales diversifiées (20 %).

Je réduis également mon allocation aux investissements alternatifs, toujours fidèle à mon politique de simplication, de réduction de frais (dont taxes).