En théorie, les marchés sont censés être efficients. La théorie des marchés efficients (TME) soutient que toutes les informations disponibles sont déjà intégrées dans les prix des actifs, rendant toute tentative de battre le marché inutile. Mais en pratique, on constate que les marchés sont souvent irrationnels et sujets à des cycles excessifs de panique et d’euphorie.
Pourquoi ? Parce que les marchés ne sont rien d’autre que la somme des décisions individuelles des investisseurs. Et ces décisions ne sont pas toujours rationnelles. C’est là qu’intervient la finance comportementale, qui étudie comment les biais cognitifs influencent nos choix financiers.
En investissement, notre pire ennemi, c’est nous-même.
En d’autres termes : les marchés ne sont pas seulement dictés par les fondamentaux économiques, mais aussi par la psychologie collective des investisseurs.
Nous avons tous tendance à :
- Surévaluer nos compétences (excès de confiance).
- Suivre la foule (effet de groupe).
- Acheter au plus haut et vendre au plus bas (biais émotionnel).
- Refuser d’admettre nos erreurs (aversion aux pertes).
La bonne nouvelle ? En comprenant ces biais et en les maîtrisant, on peut améliorer ses performances et éviter de tomber dans les pièges du marché.
Voyons ensemble les biais cognitifs les plus courants et comment s’en prémunir.
1. L’excès de confiance : croire qu’on est plus malin que le marché
L’un des biais les plus dangereux est l’excès de confiance. Beaucoup d’investisseurs pensent pouvoir battre le marché en prenant des décisions à partir d’informations partielles ou en suivant leur intuition. Mais les statistiques montrent que même les gérants professionnels sous-performent souvent les indices boursiers sur le long terme.
Exemple frappant : Une étude de Barber et Odean a montré que les investisseurs individuels qui font le plus d’opérations ont des performances inférieures à ceux qui tradent moins. Pourquoi ? Parce qu’ils surestiment leurs capacités à anticiper les mouvements du marché et prennent trop de risques.
Comment éviter ce piège ?
- Rester humble face au marché.
- Se concentrer sur des stratégies d’investissement long terme.
- Privilégier des actifs diversifiés comme les ETF au lieu de vouloir battre le marché en stock-picking.
2. L’effet de groupe : suivre aveuglément la foule
Les marchés financiers sont souvent marqués par des mouvements de panique ou d’euphorie collective. L’effet de groupe pousse les investisseurs à acheter lorsque tout monte et à vendre lorsqu’il y a un krach.
Howard Marks, dans The Most Important Thing, rappelle que les meilleures opportunités se trouvent souvent quand tout le monde a peur, et les pires risques quand tout le monde est euphorique. C'est pourquoi il est crucial de comprendre la relation entre les actifs et le risque.
Exemple historique : La bulle internet des années 2000. Des investisseurs se ruaient sur des actions technologiques sans regarder les fondamentaux, poussés par l’euphorie du marché. Résultat ? L’explosion de la bulle a anéanti des milliards de dollars en quelques mois.
Comment résister ?
- Se poser la question : Est-ce que j’achète/vends par conviction ou par peur de rater quelque chose ?
- Adopter une approche contrariante : acheter quand tout le monde vend, vendre quand tout le monde achète.
3. Le biais émotionnel : acheter haut, vendre bas
Nos émotions jouent un rôle majeur en bourse. On a tendance à acheter des actions lorsqu’elles montent et à paniquer quand elles baissent. C’est exactement le contraire de ce qu’il faudrait faire.
Exemple classique : Pendant la crise de 2008, beaucoup d’investisseurs ont vendu leurs actifs en panique au pire moment. Ceux qui ont tenu bon ont récupéré leurs pertes en quelques années, tandis que ceux qui ont vendu ont cristallisé leurs pertes.
Comment éviter ce piège ?
- Mettre en place un plan d’investissement à long terme et s’y tenir.
- Automatiser ses investissements (ex: Dollar-Cost Averaging).
- Ne pas consulter son portefeuille trop souvent.
4. L’aversion aux pertes : ne pas vouloir admettre ses erreurs
On déteste perdre. Ce biais pousse les investisseurs à conserver des actions qui baissent en espérant un rebond, au lieu de couper leurs pertes et de réinvestir dans des opportunités plus prometteuses.
Exemple frappant : Beaucoup d’investisseurs ont gardé des actions comme Nokia ou Blackberry bien après que leurs modèles économiques soient obsolètes. Ils ne voulaient pas réaliser leurs pertes, mais ont fini par perdre encore plus.
Comment s’en protéger ?
- Définir à l’avance un niveau de coupe-perte (stop-loss).
- Accepter que tout investissement comporte une part d’erreur.
Conclusion : Gagner en bourse, c’est d’abord se connaître soi-même
La bourse est un jeu psychologique autant qu’un jeu financier. Les marchés fluctuent, mais nos biais restent les mêmes. Comprendre nos faiblesses permet d’éviter les erreurs coûteuses et d’améliorer nos performances.
Récapitulatif des points clés :
- Ne surestimez pas vos compétences.
- Ne suivez pas aveuglément la foule.
- Ne laissez pas vos émotions guider vos décisions.
- Acceptez vos erreurs et apprenez à couper vos pertes.
Si vous souhaitez aller plus loin, je recommande la lecture de The Most Important Thing de Howard Marks et Mastering the Market Cycle pour mieux comprendre les cycles de marché.
Et vous, avez-vous déjà été piégé par un de ces biais ? Partagez vos expériences en commentaire !